Quand une personne se sent mal physiquement, très rapidement et sans hésiter elle fait appel à des expert.e.s du monde médical et si elle ne le fait pas tout le monde lui conseille d’aller voir médecin, kiné ou autres spécialistes de la santé physique.
Pour un mal-être émotionnel, mental ou spirituel c’est encore loin d’être le cas. Et pourtant… l’être humain est une entité intégrale corps, coeur, esprit.
Tout est relié.
La santé mentale sort petit à petit de la sphère des tabous et les différents corps de métiers se donnent la main pour endiguer la vague de déprime, épuisement, burn-out et variantes.
Alexandre Lelakis a fait des études de psy, travaille comme conseiller en prévention et vient de terminer le trajet Explorer pour rajouter les outils de coaching à son arc déjà bien polyvalent.
Il n’y a pas de méthode infaillible et toute faite pour soigner une personne : allier les différentes disciplines et conjuguer les approches pour aborder l’humain dans sa complexité est la voie royale. TEAM : Together Everyone Achieve More.– Daniëlle De Wilde –
Voici son partage:
Passionné par la psychologie, Alexandre Lelakis, conseiller en prévention aspects psychosociaux, témoigne aujourd’hui pour mettre en lumière son métier, encore trop méconnu du grand public. Une rencontre qui retrace son riche parcours, et sa volonté de transmettre un message clair : la prévention du burnout est essentielle et accessible pour tous.
Article de Lucas Hurbin paru dans Le Guide Social
Quand Alexandre expose sa première expérience professionnelle, c’est avec émotion qu’il se souvient de ses premiers pas en psychologie clinique suite à un stage réalisé à Londres dans un service d’oncologie pour enfants et adolescents : » Cette première expérience a été confrontante et en même temps très enrichissante. J’ai vraiment été touché par l’authenticité et la résilience de tous ces enfants et ces ados, qui pour certains allaient mourir et qui arrivaient pourtant à garder le sourire et s’amuser. Une expérience incroyablement humaine et qui te fait clairement relativiser tes petits tracas quotidiens « .
Après une première pratique au cœur de l’humain et la réussite de son master en psychologie clinique, Alexandre change ensuite d’horizon. En effet, curieux de savoir comment la psychologie pouvait s’appliquer au monde des organisations il se lance dans le recrutement dans un cabinet spécialisé à Paris. Une expérience différente, mais tout aussi enrichissante : » J’ai découvert un monde et des métiers que je ne connaissais pas du tout. Je recrutais des profils très différents : des ingénieurs, des commerciaux, des spécialistes produit etc. avec l’objectif de toujours trouver les profils les plus en phase avec la culture d’entreprise de nos clients « .
Fort de cette riche expérience au cœur de la psychologie du travail, Alexandre a souhaité continuer à travailler dans le monde des organisations sans pour autant mettre de côté l’aspect clinique de la psychologie. Dans cette recherche à combiner ces deux envies, c’est ainsi qu’il réalise le master complémentaire en gestion du bien-être et de la santé au travail avant une première expérience dans le domaine du bien-être au travail à la Banque Européenne d’Investissement au Luxembourg : « J’avais été recruté pour valoriser deux projets sur la gestion du stress et des conflits. Ma mission était de promouvoir les workshops, formations et analyses de risques mis en place pour les travailleurs. Je collaborais avec des consultants externes, c’était riche, mais j’étais un peu frustré de ne pas pouvoir animer moi-même ces workshops et ces formations et être davantage au cœur de l’action ».
Enfin, suite à cette expérience, Alexandre revient à Bruxelles et commence à travailler en tant que conseiller en prévention aspects psychosociaux au sein d’un service externe de la prévention et la protection au travail. Une fonction qu’il occupe aujourd’hui depuis bientôt huit ans.
Extrait du Podcast d’Alexandre Lelakis sur la plateforme « J’aime mon métier »
Au travail, le bien-être est essentiel. Des problèmes d’organisation, de reconnaissance, de relations avec un manager ou une équipe peuvent souvent avoir un impact sur notre vie professionnelle et même personnelle. Et quand ce mal-être entre dans un processus de non-retour, c’est bien souvent le burn-out qui est à la porte, un terme devenu malheureusement trop commun aujourd’hui.
Un sensibilisateur du bien-être au travail
Les conseillers en prévention aspects psychosociaux sont des experts dans un des domaines du bien-être au travail. Ils accompagnent toute entreprise belge, privée ou publique, quelle que soit sa taille et son secteur d’activité. Ils peuvent intervenir à un niveau collectif ou individuel comme nous l’explique Alexandre : « Au niveau collectif ce sera notamment via des analyses de risques afin d’évaluer les problématiques rencontrées par les travailleurs à un niveau collectif et anonyme et de proposer des recommandations de mesures à mettre en place pour y répondre. Cela peut être également via l’animation de groupes de parole, d’ateliers pratiques et de formations autour de thématiques telles que le stress, le burn-out, les conflits, la gestion d’incidents critiques, ou les assuétudes, entre autres. Au niveau individuel, il faut savoir que tout travailleur de toute institution, quel que soit son statut, peut faire appel, à la charge de son employeur, à un conseiller en prévention pour les aspects psychosociaux. Celui-ci lui offre une écoute active, un échange sur ses problématiques sous le sceau du secret professionnel et l’accompagne, au besoin, vers une intervention adaptée à un niveau informel ou formel. »
Ouvrant les ponts de la communication entre l’employeur, les lignes hiérarchiques et les travailleurs, Alexandre intervient en toute neutralité, avec l’accord des personnes impliquées, pour relayer leur mal-être au travail et réfléchir à des pistes de solutions à implémenter pour améliorer la situation. De part cette démarche, il tient toutefois à dire qu’il y a encore de la confusion sur le rôle de ces conseillers : » On imagine assez souvent que nous sommes pro employeur, ou pro travailleurs, mais nous ne sommes ni des représentants syndicaux qui prennent parti pour les travailleurs et les défendent ni des représentants de l’employeur qui engagent sa responsabilité. En réalité, nous travaillons plutôt main dans la main avec ces acteurs, parfois comme un médiateur, en les sensibilisant à l’importance de reconnaitre la souffrance ressentie par toutes les personnes impliquées et en les conseillant sur les solutions les plus adéquates à mettre en place « .
Le métier de conseiller en prévention aspects psychosociaux est donc un métier de contact, de relation et d’ajustement dans lequel ces conseillers essayent de recréer du lien et de la confiance. Ils proposent des interventions dynamiques et sur mesure au regard des différentes cultures d’entreprise, des besoins des travailleurs, des lignes hiérarchiques et de l’employeur. Alexandre insiste sur ce point : « Dans notre pratique, nous essayons d’éviter de faire des interventions « one-shot ». C’est-à-dire que nous n’intervenons pas pour disparaître après dans la nature. Dans un premier temps nous évaluons les besoins spécifiques de l’entreprise pour pouvoir proposer les interventions les plus « clé sur porte » possibles. Ensuite nous faisons le bilan et nous réajustons si nécessaire. Nous tentons donc d’être au maximum dans une gestion dynamique des risques « .
Une prévention essentielle et accessible pour tous
Au vu de l’évolution de la société, grâce aux nouvelles technologies qui permettent l’accès à des nouveaux styles de communication plus rapides et accessibles à tous, la prévention quant à elle, ne l’est pas assez d’après Alexandre : « Je n’imaginais pas ça à ce point quand j’ai commencé dans le métier, mais après avoir rencontré autant de personnes en si grande souffrance, j’ai réalisé le profond mal-être que pouvait engendrer un environnement professionnel déficient. Un constat qui devient d’ailleurs de plus en plus objectivable car les chiffres des personnes en burn-out et maladies longue durée ne font malheureusement que croître. D’où l’importance de faire de la prévention « .
Un bilan inquiétant et qui nécessite donc une prise de conscience sur l’importance d’agir avant que la santé physique ou mentale soit trop endommagée. A ce sujet, Alexandre insiste sur l’importance de reconnaitre le plus vite possible les signaux avant-coureurs de mal-être au travail. Pour cela, il souligne que : « Beaucoup de travailleurs ne reconnaissent pas ou relativisent ces signaux. Ils diraient par exemple « Dans la vie, il y a des hauts et des bas, c’est normal de parfois être tendu, d’être plus irritable, de moins bien dormir, d’avoir moins d’énergie etc. ». L’idée n’est pas de rendre les personnes hypochondriaques, mais de les sensibiliser à ne pas minimiser d’emblée ces signaux et de les gérer au plus vite pour que cela ne se transforme justement pas en quelque chose de plus grave « .
Un constat qui peut s’expliquer par le fait que bon nombre de personnes attendent la dernière minute, quand elles n’en peuvent plus, pour décider d’aller voir un spécialiste pour les aider. Un autre avantage des conseillers en prévention aspects psychosociaux qui assurent un premier contact dans les 10 jours suivant la demande du travailleur. De plus, cette proposition représente une porte d’entrée à certains corps de métiers, ou à certaines populations qui n’ont peut-être pas dans leurs habitudes, d’aller voir un psychologue en cas de problème. A ce sujet, Alexandre nous précise que : » Bien que nous soyons pour la plupart psychologues de formation, je pense que recevoir les travailleurs en tant que conseiller en prévention et en ne faisant pas de thérapie, offre une porte d’entrée plus large et plus facile d’accès pour ceux qui n’iraient pas voir spontanément un psychologue. »
Son message aux futurs psys du travail
Enfin, Alexandre, passionné par son métier, le recommande aux jeunes qui aimeraient se lancer dans cette fonction en leur donnant quelques conseils : « Je les invite à être curieux, ouvert, à se former continuellement et à faire preuve de souplesse dans leurs analyses car il n’y a jamais de vérité absolue quand on travaille avec l’humain ».
Il conclut cette rencontre en rajoutant que : « Le jour où je verrai le monde professionnel aller vraiment mieux, les travailleurs être en meilleure santé physique et mentale et la plupart des entreprises mettre dans leurs priorités le bien-être au travail, là peut-être que je me dirai : Ok, je peux me lancer dans ma prochaine mission « .
Lucas Hurbin