> Masterclasse « La richesse du travail émotionnel en coaching » le 18 & 19 septembre 2023 <
« Mon travail, si j’en ai un, est de transmettre une émotion qui m’est venue » disait le poète Christina Bobin.
Les émotions jouent un rôle primordial dans le « fonctionnement » humain… parfois bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer.
Nous sortons, espérons-le en tout cas, d’une ère matérialiste où les émotions ont été reléguées au second plan au profit d’une vision plutôt axée sur la logique, l’analytique.
- « cerveau gauche est associé au raisonnement logique et rationnel, le cerveau droit est intuitif et émotionnel » (1)
- « rationnel OU émotionnel »
- « privilégier le cognitif pour favoriser une analyse factuelle »
- « montrer ses émotions est aveu de faiblesses »
- « pas d’émotions au travail ».
Des croyances bien tenaces qui se transmettent encore dans les écoles et les entreprises mais qui au regard des évolutions et des connaissances actuelles en neurosciences sont des non-sens absolus.
Pour Antonio Damasio c’est justement « l’absence d’émotion qui empêche d’être vraiment rationnel » (2)
En effet, notre fonctionnement émotionnel fait partie intégrante de nos fonctions cognitives : rationnel et émotionnel forment un tandem inséparable. Tête et coeur fonctionnent en interactions dynamiques constantes au sein du corps d’un individu.
Les émotions constituent même le moteur de nos comportements : « Émotion » vient du latin movere qui signifie « ébranler », « mettre en mouvement ». Les émotions sont donc de l’énergie « en motion ».
Le monde de la publicité et de l’entertainement, Netflix et les smartphones y font plus que largement appel. Sans oublier la fameuse Intelligence Artificielle qui utilise les « principes émotionnels » pour se prétendre humaine. Les émotions ont d’ailleurs un caractère addictif car elles provoquent en nous des sensations, elles nous animent, qu’elles soient agréables ou désagréables. Certains couples parfois se disputent (plus ou moins violemment) pour (inconsciemment) ressentir la joie de la réconciliation.
Les émotions jouent bien entendu un rôle crucial dans la relation de coaching et ce tant pour la personne coachée que le/la coach.
Dans son livre « Coacher les émotions » Daniel Chernet stipule que « les émotions sont des véhicules de la relation, leur expression juste permet de développer la proximité relationnelle au bénéfice de la coopération. Être dans la coopération c’est être dans la vie et la vie est émotionnelle, relationnelle et affective »
Ce n’est pas toujours évident de savoir quoi faire ou comment « être » en tant que coach face aux émotions de l’autre. Je me rappelle avoir un jour assisté à une terrible colère d’une coachée qui, dans un sentiment d’impuissance, était submergée par cette colère presque destructrice. Rester zen et garder une forme de neutralité empathique était loin d’être évident pour moi dans ma position de coach. Respirer consciemment d’abord et la verbalisation du combo pensées-sensations ont permis de « canaliser » cette énergie vers l’action juste tant pour ma coachée que pour moi.
Cette sérénité (professionnelle), je la dois à mes formations et à mon entraînement quotidien face aux évènements de la vie. Je suis resté calme et dans l’accueil, ce qui a permis à ma coachée de traverser ce qu’elle devait traverser. Elle a pu décharger l’énergie dans un cadre de sécurité, retrouver ses sens pour envisager les petits pas à faire pour atteindre ses objectifs désirés. Cette attitude coach, définite par une certaine stabilité émotionnelle, je l’ai apprise et c’est devenu une compétence acquise, avec le temps.
Importance du travail des émotions en coaching :
Le travail des émotions est essentiel en coaching car les émotions influencent nos pensées, nos comportements et nos décisions. En comprenant et en régulant les émotions, un individu peut développer une meilleure conscience de soi, améliorer ses relations interpersonnelles, anticiper et optimiser sa prise de décision. Si un.e coach comprend les émotions de son client, il/elle peut mieux cerner les problèmes sous-jacents et accompagner le client vers plus d’autonomie.S’il n’est ni utile ni opportun de se couper des émotions en tant que coach il s’agit aussi de ne pas se laisser submerger par ses propres émotions ou celles de son client.
L’accompagnement des émotions en coaching vise donc 3 niveaux et demande des compétences:
- Conscience émotionnelle : C’est la capacité de reconnaître et de comprendre ses propres émotions et celles des autres. Cela permet à un coach de s’adapter et de répondre aux besoins émotionnels spécifiques d’un client.
- Compétences émotionnelles : elles se rapportent à la capacité de reconnaître, comprendre, utiliser et gérer efficacement les émotions chez soi et chez les autres. Par exemple, un coach compétent émotionnellement est capable de discerner si un client se sent frustré, même si le client ne l’exprime pas.
Les compétences émotionnelles sont positivement reliées au bien-être (Schutte et al., 2002) et à la satisfaction de vie (Gallagher et Vella-Brodrick, 2008 ; Gannon et Ranzijn, 2005). À l’inverse de faibles compétences émotionnelles sont associées à des niveaux d’anxiété, de stress, de dépression, de burn-out et d’affects négatifs (4)- Régulation émotionnelle : C’est la capacité d’accepter et de répondre à une expérience émotionnelle d’une manière qui est socialement acceptable et permet d’atteindre des objectifs personnels. On parle alors de stratégie fonctionnelle.
Le modèle de régulation des émotions de James Gross (2013) considère la régulation des émotions comme la manière d’influencer les différentes caractéristiques de l’expérience émotionnelle (comme sa nature, sa durée ou son intensité) en agissant sur ses différentes composantes (la situation, l’attention, l’évaluation, la réponse physiologique ou comportementale).
Une autre définition de la régulation émotionnelle met en avant la notion de flexibilité et d’adaptation au contexte: il s’agit de la capacité à suivre ou à se détacher d’une émotion selon le contexte (Brackett et al., 2011) et à apprendre quand et comment il est préférable de réguler ses émotions (Mikolajczak et al., 2014).(3)
En conclusion, le coaching n’est pas seulement une question de stratégie ou d’objectifs. Il s’agit d’accompagner le client dans son voyage émotionnel, de l’aider à reconnaître, comprendre et réguler ses émotions pour atteindre ses objectifs. Un coach compétent en intelligence émotionnelle est donc essentiel pour un coaching efficace. Et les compétences émotionnelles s’acquièrent et se cultivent. Approfondissons la question lors de la masterclasse.
Laurent Kahn
> Masterclass « La richesse du travail émotionnel en coaching » le 18 & 19 septembre 2023
(1) https://www.cortex-mag.net/neuromythe-5-cerveau-droit-cerveau-gauche
(2) António Rosa Damásio né le 25 février 1944 à Lisbonne, est un médecin, professeur de neurologie, neurosciences et psychologie
(3) (4) Développer les compétences émotionnelles, de I.Kotsou, R.Shankland, M.Mikolajczak- 2022