‘Les gens qui ne pleurent jamais sont pleins de larmes’

Article paru dans Psychologies.be

Le savoir-bien vivre n’est complet que si le savoir-bien mourir fait partie du package.

Le coeur du métier de coach est de créer un contexte propice à honorer puis relâcher l’ancien pour construire l’avenir.

Il s’agit d’ accompagner les transitions et de laisser mourir dignement les procédures et habitudes ‘révolues’ dans les organisations, les équipes, le collectif. Et de faire naître du neuf. Selon le principe des lois universelles de la vie, tout est polarité. La mort n’est pas le contraire de la vie. La Vie, être, c’est naître, mourir et renaitre. Pour bien “gérer les transformations”, c’est au niveau individuel qu’un travail en profondeur doit se faire. Inexorablement, l’automne et l’hiver nous rappelleront que tout passe. L’enfant perdra un animal de compagnie, le malheur est grand à la perte d’un grand-parent, d’une amie, une collègue.

Accepter le changement et la perte est un entraînement à l’art de vivre en conscience.

“Seules les personnes qui sont prêtes à mourir sont prêtes à vivre pleinement”, m’ont transmis des personnes bien plus sages que moi pour m’aider sur le difficile chemin de l’acceptation. Pour l’avoir vécu plusieurs fois, voici des recommandations de rituel minimal dans un moment de transition ultime et attendue.
A l’heure du dernier souffle la première chose à faire : ne rien faire. Il y a une telle grâce à rester au chevet de quelqu’un lors de sa transition hors de ce monde. Il y a de la dignité dans la douleur. De la noblesse dans la perte.
A l’heure de la dernière heure le sacré est présent : le voile entre les mondes s’ouvre à l’accueil de cet « expire » sans « inspire ».
Assister à une naissance est incroyable. Même si nous y sommes préparés, la mort reste un choc. Nous savions pourtant que cette personne allait mourir! C’est très triste. Paniquer n’est pas de mise.

Connectons-nous à la beauté fragile et la magie du moment.

Ce qui se passe est tellement énorme que le corps et l’esprit auraient tendance à se déconnecter pour s’anesthésier. Ça fait tellement mal de perdre un être cher.Ce dernier expir nous engage à prendre une profonde inspiration et rester complètement et consciemment présentes.
Absorber en conscience l’énormité de voir l’âme quitter le corps physique est phénoménal. Vivre dans l’instant ce moment unique si précieux est un acte de guérison.
Accordons-nous, au chevet de l’Autre, un minimum de cinq minutes juste pour contempler cœur ouvert ce qui se passe en soi, chez cette personne qui ne respire plus.
Quelles ‘autres présences’ sont-elles là? Qui pourrait faciliter son chemin vers l’au-delà ?

Cette trêve hors du temps préparera à affronter ‘efficacement’ les réalités émotionnelles, relationnelles et administratives qui demanderont beaucoup d’énergie.
Être présent au moment de la mort est un cadeau incroyable : à soi-même, à nos proches, et c’est aussi un présent pour la personne qui vient de mourir. Elle commence tout juste son nouveau voyage dans le monde sans corps. Si nous gardons un espace calme et serein autour de son corps physique, nous faciliterons son voyage.
Rester présent en respirant en conscience est un honneur majeur à celles et ceux qui ont perdu le Souffle.
Des deux côtés du voile qui sépare les mondes il y a réciprocité, chacun se rend ainsi un service inconditionnel.

Daniëlle De Wilde

Daniëlle De Wilde, directrice de l’institut holistique BAO Elan Vital, co-créatrice retraite ‘Célébrer la Vie’

www.bao-elanvital.be