Quelles sont les institutions qui sauveront les humains d’un naufrage qui semble aujourd’hui inéluctable si des changements de cap radicaux ne sont pas effectués ? Le politique ? La justice ? La bourse ? L’enseignement ? Les grandes entreprises (dont certaines ont un chiffre d’affaires comparable au PIB d’États soi-disant souverains) ? Les religions ?

Chacun aura sans doute sa réponse personnelle à cette question. Pour ma part, je te propose un regard un peu décalé inspiré par Lao Tseu, celui qui se faisait appeler le « vieil enfant » :

Si tu veux changer le monde, commence par changer ton pays,
Si tu veux changer ton pays, commence par changer ta Province,
Si tu veux changer ta Province, commence par changer ta ville,
Si tu veux changer ta ville, commence par changer ta famille,
Si tu veux changer ta famille, commence par te changer toi.

Si tu veux changer le monde, commence donc par te changer toi… Qui n’a pas rêvé un jour de changer le monde ? Et pourtant, la philosophie taoïste est on ne peut plus claire sur le sujet : non seulement c’est impossible (cela reviendrait à vouloir déplacer des montagnes), mais plus encore, ce n’est pas souhaitable. Car qui, sinon le « VIVANT » (j’aime aussi l’appeler TAO), peut savoir ce qui est à sa juste place ?

Dans notre culture occidentale et plus spécifiquement chrétienne, on dit aussi parfois que les voies du Seigneur sont impénétrables. Alors que reste-t-il à faire si, confrontés à des situations qui nous paraissent injustes ou tout simplement inacceptables, nous constatons notre impuissance à changer le cours des événements ?

Une évidence tout d’abord, ainsi qu’on l’enseigne le premier jour de notre formation EXPLORER La première chose consistera à faire le tri entre trois catégories :

  • Les choses qui sont entièrement sous notre contrôle ;
  • Celles sur lesquelles nous pouvons directement ou indirectement avoir de l’impact ou de l’influence ;
  • Et celles sur lesquelles nous n’avons apparemment aucune prise.

Partant de là, nous aurons surtout à nous concentrer sur celles qui relèvent des deux premières catégories. En ayant soin de toujours rester dans un équilibre optimal entre nos énergies Yin et Yang, ce qui constitue déjà tout un programme (Yin paisible et Yang caché). Car le Monde change. Qu’on soit d’accord ou pas. Que cela nous plaise ou non. Dans ces conditions, croire que nous, humains insignifiants au regard des grandes forces naturelles et cosmiques, pourrions le changer (Yang) pose un certain nombre de questions par rapport à la connexion que nous entretenons avec lui (Yin).

Faire preuve d’humilité (humus : la Terre, Yin) en étant conscient de ses limites est sans doute la voie à suivre quand les circonstances nous imposent d’accepter ce qui est infiniment plus fort que nous.

Cela revient-il à dire que notre sentiment d’impuissance devrait nous amener à nous désintéresser complètement des grands courants qui font bouger le monde ? Non, car ce que nous faisons a un impact sur le monde, puisque nous en faisons partie, comme le rappelle la légende amérindienne du colibri chère à Pierre Rabhi. Je crois que le Tao nous offre une voie de navigation cohérente pour relever humblement les défis qui nous attendent (climatiques et autres).

Je te propose donc de réfléchir quelques instants à la mise en application de l’axiome suivant, inspiré par Lao Tseu : « Si tu espères changer le monde, commence par ouvrir le seul chantier qui est réellement à ta portée : toi-même. »

L’entreprise et la famille sont des ‘petits mondes’ dont les dirigeants et les parents sont les premiers leaders responsables

Le mot leadership est un anglicisme qui signifie « fonction ou position de leader ». Le terme désigne l’influence d’un individu sur un groupe. En management par exemple, le leadership est la capacité à mobiliser au mieux les ressources des collaborateurs pour atteindre les objectifs fixés et aller dans un « sens » déterminé.

Nous entendrons donc par leader ou dirigeant toute personne qui, par sa position dans un système (entreprise, groupement, société, mais aussi famille), exerce une influence sur une ou plusieurs personnes. On l’aura compris : tout le monde est visé. Chef d’entreprise ou d’équipe, responsable politique, coach sportif, enseignant et… parent.

Parent biologique versus parent symbolique

Avant d’entamer cette comparaison – audacieuse et à prendre avec des pincettes, j’en conviens – entre le parent et le leader, je tiens à insister sur le fait que le mot « parent » n’est évidemment pas à prendre dans le sens biologique.

Le mot « parent » utilisé ici est à prendre dans son acception symbolique. Nul besoin de lien de sang : un beau-père, un parent adoptif, une tante, un parrain, ou toute autre personne de la famille qui prend le rôle d’élever l’enfant, de le nourrir et le protéger.

Mais ce n’est pas tout : chacun d’entre nous connaît au moins une personne qui a mille enfants. Pensons aux enseignants, éducateurs, assistants sociaux, personnels soignants, responsables de mouvements de jeunesse, etc. Bref, toutes les personnes qui jouent un rôle de parent, bénévolement ou professionnellement, dans la mesure où elles occupent une place de « responsable » vis-à-vis d’un plus petit, et donc d’un plus faible, dépendant d’eux.

Quelle que soit la taille de « l’entreprise » que l’on dirige (de la multinationale à la petite famille avec un ou deux enfants), tout le monde – qu’il le veuille ou non – a un impact sur celles et ceux qui l’entourent.
Et cet impact est encore plus grand dès lors que le rapport de « taille » ou de « force » est inégal. Un parent exerce une influence considérable sur ses enfants. L’attitude d’un patron n’est pas neutre sur ses collaborateurs. Ne pas en tenir compte est une forme d’aveuglement. En être conscient, en revanche, implique une responsabilité considérable. Car chaque acte que nous posons, chaque parole que nous prononçons (mais aussi certains silences) sont comme des flèches envoyées autour de nous : rien ne peut les arrêter et encore moins leur faire opérer un demi-tour.

« On dirige une entreprise comme on éduque ses enfants »

J’entends d’ici les réactions multiples et variées qui feront écho à cette phrase quelque peu provocatrice, largement inspirée des paroles de Lao Tseu, auxquelles je souscris pleinement. Ce dernier ne parlait d’ailleurs pas d’entreprise, mais d’un pays.
Lorsque j’anime des séminaires sur la thématique du leadership associé à la pratique du Tao, la première réaction des managers présents lorsque j’énonce cette maxime est assez contrastée. Une partie d’entre eux adhère immédiatement au message tandis que d’autres le réfutent de prime abord.
Je cherche alors à comprendre ce qui les dérange dans cette idée et pour beaucoup, c’est le même argument qui revient : un patron n’est pas le parent de ses employés ou de ses ouvriers. Le prétendre serait une invitation à infantiliser son personnel. Or, on sait très bien où peuvent mener les comportements patriarcaux (ou matriarcaux) dans les entreprises : à des jeux psychologiques que l’analyse transactionnelle décrit admirablement en parlant d’états du moi et de triangles dramatiques (persécuteur-victime-sauveur). Cet argument tient évidemment parfaitement la route.
D’autres disent qu’un patron n’a pas à « aimer » ses collaborateurs. Ainsi donc, l’Amour n’aurait pas droit de cité dans le monde du travail ?
Mais alors, que signifie ce message troublant, voire provocateur, qui consiste à comparer le dirigeant et le parent ? Femme ou homme. Faut-il être fou pour établir un rapport entre le monde de la famille et celui du travail ?

Ce qui se joue dans l’entreprise est une répétition de ce qui s’est joué dans la famille

La première « entreprise » dans laquelle chaque humain a dû se faire « sa place » est la famille et son cortège d’événements en tous genres, plaisants et moins plaisants : naissances, mariage, divorce, maladies, décès, etc. Pour certains, ces étapes sont parfois vécues de façon traumatisante.

Notre première figure d’autorité est donc, dans la plupart des cas, notre mère ou notre père. Mais aussi dans certaines situations un parent de substitution (grand frère, belle-mère, oncle, parent adoptif, marraine, etc.).

Dès notre petite enfance, notre estime de soi et notre confiance en soi se construisent et se déconstruisent au travers de nos relations originelles dans la famille nucléaire. C’est donc là que se tissent, dans nos différents cerveaux, la plupart des liens qui forgeront nos croyances stimulantes, mais aussi limitantes.

Le regard que portent sur nous les personnes de référence (celles qui « font autorité ») est fondamental dans la construction de notre psychisme. Et ce regard, celui des parents le plus souvent, est forcément lui-même conditionné par un passé, une culture, des croyances héritées… C’est ainsi que s’installent des scénarios à répétition, comme des programmes itératifs, qui nous gouvernent sans que nous en soyons conscients.

Les croyances profondes et inconscientes qui nous animent sont pour la plupart des réponses décalées dans le temps. Réponses à des événements parfois même totalement oubliés ou refoulés. Plus troublant encore : certaines de ces croyances proviennent de l’histoire transgénérationnelle. Et ont été imprimées par des personnes que nous n’avons jamais rencontrées, comme un arrière-grand-père ou une grand-tante.

En entreprise, nous nous retrouvons, symboliquement, dans une « famille » où nous cherchons naturellement à trouver, ou garder, ce que nous croyons être notre place. Partant de là, nos programmes familiaux peuvent se réactiver au gré des événements et de la vie de l’entreprise.

Par exemple, si j’ai souffert d’un parent trop autoritaire, il est probable que j’apprécierai très moyennement une collègue du même acabit. Si à l’inverse, j’ai manqué de parents sachant cadrer, j’aurai du mal à supporter un responsable qui ne tranche pas clairement lorsque cela s’avère nécessaire. Ou que je réagirai à l’inverse, par contradiction. Mais toujours en réaction à mon vécu.

Les jeux de compétition, saine ou malsaine, qui se déroulent dans la petite enfance influenceront aussi fortement notre rapport aux autres dans la vie d’adulte. Les membres d’un même comité de direction qui se disputent le pouvoir reproduisent souvent des mécanismes de disputes, exprimées ou non, entre frères et sœurs ou entre petits copains à la maternelle.

Le syndrome de la toute-puissance que l’on remarque parfois chez celles et ceux qui détiennent un grand pouvoir est un phénomène particulièrement intéressant, car les comportements dictatoriaux peuvent être la réponse à des dysfonctionnements parentaux diamétralement opposés. En effet, soit je reproduis les mêmes travers que mes parents, soit je choisis la direction diamétralement opposée. Malheureusement, faire le contraire reviendra souvent, tôt ou tard, à reproduire la même chose.

Or, nous sommes les ancêtres du futur. Et nous portons à ce titre une grande responsabilité : celle de transmettre de façon la plus ‘juste’ possible (au sens du mot ‘justesse’) ce qui doit ou peut l’être, autant à nos enfants biologiques qu’à nos enfants symboliques.

Extrait de « Le TAO ma boussole » de Pierre Lucas

LE TAO MA BOUSSOLE

Et si changer le monde commençait par se changer soi-même ? Comment contribuer à guérir ce monde qui en a tant besoin? Peut-on encore rêver ?

Ce livre propose des clés simples, inspirées de la philosophie taoïste chinoise. Harmoniser nos énergies Yin et Yang, équilibrer les forces du Vivant, apaiser les conflits et nos peurs : autant de pistes explorées pour contribuer au mieux à l’épanouissement des humains au sein des familles, des organisations et du monde.

La version illustrée est en vente à l’espace BAO (Bouche à Oreille, rue Félix Hap 11, 1040 Bruxelles) et auprès de l’auteur pour 35 €.

Prochaine soirée INFO de BAO Elan Vital : 27 janvier 2025. Pierre sera présent à 17h45 pour dédicacer son livre ‘Le TAO, ma boussole’. Le livre sera en vente sur place ce soir-là et également durant les jours d’ouverture du Bouche à Oreille lors des formations BAO Elan Vital.

Pour plus de détails et les dates, consultez : www.bao-elanvital.be

Où peut-on trouver le livre ?

Ce livre est disponible en 3 formats:

La version Illustrée est en vente à l’espace BAO (Le Bouche à Oreille, rue Félix Hap 11 à 1040 Bruxelles) et auprès de l’auteur – 35 €

La version Poche est en vente sur le site de Bookelis – 19 €

La version ebook pour liseuse est en vente sur le site de Bookelis – 11,99 €

Les ventes étant intégralement reversées à l’asbl Luciole, l’achat de la version Illustrée est fortement encouragé !

 

Soirée info Elan Vital au Bouche à Oreille

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