Récemment, je me suis initiée à la méthode du Kintsugi. J’ai toujours eu une fascination pour la culture japonaise en général et principalement pour l’art. Depuis longtemps, je voulais aborder de plus près cette méthode de la réparation de céramique à l’or. Et bien plus, depuis que je suis devenue coach de vie. Certifiée à l’institut BAO-Elan Vital, j’ai à cœur de guider les personnes que j’accompagne à laisser leurs sens créatifs se libérer, afin d’apaiser leur mental, se déconnecter de l’esprit afin de se (re)connecter à soi, à leurs sens. La symbolique de l’auto-guérison, le symbole du renouveau, de la résilience, ont tous trouvé leurs sens dans l’accompagnement vers une transformation de soi.
J’ai étudié les arts décoratifs. Je suis devenue artiste photographe. Parallèlement, je réalise des dessins méditatifs (mandalas, zentangle) dans lesquels, j’aime utiliser des touches d’or en rapprochement au Kintsugi. La pleine conscience fait partie de ma vie quotidienne tant de manière formelle qu’informelle. Pour toutes ces raisons, le Kintsugi occupe une place à part entière dans mes activités artistiques. Et il crée un joli trait d’union entre mon activité artistique et mon accompagnement de coach.
Le Kintsugi, qu’est-ce que c’est ?
Cette technique ancestrale japonaise serait apparue lorsque, à la fin du XVe siècle, le shogun (Général) Ashikaga Yoshimasa aurait renvoyé en Chine un bol de thé chinois endommagé pour le faire réparer. Le bol étant revenu réparé avec de vilaines agrafes métalliques, les artisans japonais auraient cherché un moyen de réparation plus esthétique. L’art du Kintsugi, le Kintsukuroi, est ainsi né : réparer un objet en soulignant ses lignes de failles avec de la véritable poudre d’or au lieu de chercher à les masquer. Le mot Kintsugi vient de là, du Japonais Kin (or) et Tsugi (jointure), et signifie donc littéralement jointure à l’or. Le processus est long et extrêmement précis, se déroulant en de nombreuses étapes, sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois et on dit même qu’il faut parfois un an pour réaliser le meilleur Kintsugi.
Cette philosophie nous apprend à nous détacher du superficiel, des apparences, et à accepter le changement comme faisant partie de nous.
Le Kintsugi est dérivé du Wabi-Sabi, un concept qui voit la beauté dans la simplicité, l’imperfection, l’impermanence, dans les choses incomplètes, modestes et humbles. Sur le sujet, je conseille d’ailleurs la lecture du livre de Léonard Koren « Wabi-sabi à l’usage des artistes, designers, poètes & philosophes ».
Mais la philosophie du Kintsugi va bien au-delà d’une simple pratique artistique. On touche là à la symbolique de la guérison et de la résilience. Soigné, puis honoré, l’objet cassé assume son passé, et devient paradoxalement plus résistant, plus beau et plus précieux qu’avant le choc.
Cette métaphore déroulée tel un fil conducteur éclaire d’une façon nouvelle chaque étape de tout processus de guérison, qu’il s’agisse d’une blessure physique, ou émotionnelle…
Qu’ai-je appris de cette méthode?
Et bien tout d’abord, qu’il faut s’armer de patience et posséder un brin de dextérité car pour réparer et rendre les choses plus belles, il faut en effet du temps et de l’adresse. Cela m’a permis également d’appréhender pleinement ce qu’est l’acte de réparer. La réparation, c’est la remise en bon état, le fait de rétablir un état dit « normal ». Cela prend tout son sens quand un objet est cassé, mais également dans le processus de guérison, d’aspirer à revenir à son état d’avant. Sauf qu’ici, le bol brisé ne reprend pas sa forme d’origine, il évolue, il se distingue.
Quel effet cela m’a fait de réparer ?
Eh bien, j’ai pu remarquer que cela m’a apaisé et m’a procuré un bien-être intérieur, de la détente, comme si une partie de moi se remettait elle-même en bon état durant le processus. J’ai pu également prendre conscience de l’impact de ma main et de mes gestes et de ce que je pouvais moi-même (re)faire, (re)créer, d’un certain pouvoir de (re)construire. Et la finalité de rendre quelque chose encore plus beau, plus résistant que ce qu’il n’était au départ, avec plus de brillance et de valeur et peut-être aussi lui donner une autre fonction, une autre utilité car ce n’est plus un simple bol comme les autres !
J’ai également pris conscience que chaque étape a son importance et ce dans un ordre précis, que chaque geste se doit d’être réfléchi car, il est essentiel de ne pas abimer ce qui doit être restauré. Le temps de repos entre les différentes phases à également tout son intérêt, laisser poser afin que la matière puisse s’adapter au changement.
Parallèlement, il y a cette distinction entre ce qui dépend de moi dans la manière de faire et ce qui en est indépendant, par exemple la réaction des différentes matières entre elles qui reste en partie hors de mon contrôle. Le moment présent a également tout son intérêt, la pleine conscience de mes gestes durant la rénovation, de mon bien-être et de la détente que cela m’apporte, l’acceptation de ce qui est présent. J’étais comme relié à l’objet.
Quels liens je fais en tant que coach ?
J’y vois beaucoup de points communs :
- Par exemple, l’impact que je peux avoir sur la réparation aux autres, grâce aux mots qui peuvent (re)faire, (re)créer, qui ont un certain pouvoir de (re)construire. Leur choix me semble également essentiel, la manière dont je m’exprime et d’être présente à l’autre comme dans les gestes exécutés lors de la réparation du bol.
- En ce qui concerne la relation au temps, je fais le lien avec la prise en considération du rythme et de la progression du coaché. Il me paraît nécessaire pour chacun de respecter leur propre évolution et cadence, de laisser du temps entre les séances afin que cela percole, adhère et intègre le nouveau changement, comme dans les instants de poses entre les différentes étapes du Kintsugi qui sont nécessaires afin que les morceaux adhèrent entre eux.
- Le lien avec ce qui dépend de moi et de l’autre, de l’engagement de chacun dans le processus. Ce qui est de mon ressort et ce que j’apporte à l’autre durant une séance. Ce qui appartient au coaché en matière d’engagement et de changement échappe à mon contrôle direct comme la réaction des matériaux entre eux est hors de mon contrôle.
- Le rapport au moment présent dans la relation à l’autre, la pleine conscience de ma disponibilité, de ce qui est présent là durant la séance, et de ce qui vit dans l’ici et maintenant. Je peux y voir aussi les instants de pleine conscience au niveau de mon écoute, d’accueillir les émotions du coaché qui me ramènent à l’ancrage et à la synchronisation avec le coaché, similaire avec le lien créé lors de la réparation du bol et le fait de me sentir relié à l’autre.
- Je fais le lien avec la prise de conscience de chaque individu sur ses manières de faire, de penser et d’être qui le rendent unique et sa propre prise de conscience à vouloir se réparer, à souhaiter changer les choses, à agir autrement.
Quel est l’enseignement que j’en retiens ?
L’enseignement de cette série de similitudes et de ressemblances entre la pratique du Kinstugi et les personnes que j’accompagne est qu’aucun de nous n’est ordinaire mais, bien au contraire, des êtres à part entière avec toutes leurs histoires, leurs failles et leurs blessures qui font d’eux qui ils sont, comme ce bol. Les épreuves deviennent alors des opportunités de reconstruction et non plus des cassures. La blessure se révélera peut-être paradoxalement salutaire après un long travail : après avoir été pansée, et pensée. Leur faire prendre conscience de leurs valeurs intrinsèques, de leurs qualités individuelles pour qu’ils puissent être pleinement qui ils sont avec leur plein potentiel et briller pleinement revient alors à remplir leurs fissures d’or.
Quels bénéfices ?
Comme vous l’aurez compris le Kintsugi peut vous soutenir dans votre processus de guérison, en vous transmettant un message d’espoir : vous pouvez guérir. Et, aussi douloureuses soient-elles, vos épreuves sont peut-être la clef vers la transformation. Tel un Kintsugi vivant, vous pouvez, transmuter votre plomb en or en un processus alchimique et resplendir à nouveau. Plus précieux qu’avant la cassure, plus solide qu’avant la blessure.
J’organiserai prochainement des ateliers de Kintsugi en lien avec la transformation intérieure. Comment recoller les morceaux après une situation difficile ? Comment faire de ses blessures des forces ? Comment être pleinement soi avec ses parties d’ombres et de lumières ? Comment vivre des moments de pleine conscience ? Et les questionnements peuvent s’étendre encore bien davantage….
Vous pourrez suivre l’actualité de ses prochains ateliers de Kintsugi en cours de création ainsi que de futurs ateliers de dessins méditatifs à venir sur ma page Facebook : Nadèje Denoz-Coaching, Instagram : @nadejedenozcoaching et sur mon site web https://www.nadejedenozcoaching.com ou me contacter pour plus d’informations.
Nadèje Denoz