Emilie Lucas est coach certifiée BAO Elan Vital depuis 2008 et formée à diverses techniques thérapeutiques. Cette maman parfaitement imparfaite de deux enfants s’est spécialisée dans l’accompagnement lié aux enjeux de l’éducation et de la parentalité. Après ses études en psychologie, elle a travaillé dans les écoles, le coaching et la formation. Aujourd’hui, elle propose des ateliers de soutien à la parentalité, du coaching individuel et des formations sur des thématiques telles que la régulation émotionnelle, la communication et la connaissance de soi.
Résultats scolaires : et si on encourageait autrement ?
La fin d’année scolaire est bien là, avec son lot de bilans et de bulletins. Pour beaucoup de familles, cette période suscite des émotions contrastées : fierté, inquiétude, espoir, déception… Face aux résultats scolaires de nos enfants, quelle place donner à nos réactions ? Faut-il féliciter, complimenter, encourager ? Et si cette période était l’occasion d’interroger la manière dont nous valorisons les efforts et les progrès de nos enfants, au-delà des seules notes ?
Encourager plutôt que complimenter. Pourquoi ?
De nombreux spécialistes de l’éducation, comme Isabelle Fillozat, Jane Nelsen, Céline Alvarez ou encore Faber & Mazlish, attirent notre attention sur la différence entre le compliment et l’encouragement. Cette nuance, parfois subtile, peut pourtant transformer la façon dont l’enfant construit son estime de lui-même, notamment face aux résultats scolaires. L’idée n’est pas de bannir le compliment, mais d’ouvrir une réflexion sur ce qui nourrit vraiment la confiance et l’autonomie de l’enfant.
Des limites du compliments… aux bienfaits de l’encouragement
Les bulletins de fin d’année sont souvent l’occasion de compliments : « Tu es le meilleur en maths ! », « Je savais que tu pouvais avoir une bonne note ! », « Tu es vraiment un élève modèle ! ». Ces marques d’amour, bien qu’intentionnées, peuvent parfois enfermer l’enfant dans un rôle ou une attente. L’enfant cherche-t-il alors à répondre à ce que l’adulte attend de lui, ou à explorer ses propres capacités et envies ?
Le compliment s’appuie sur un référentiel externe : l’enfant fait pour plaire, pour obtenir l’approbation. L’encouragement, lui, nourrit la motivation interne, le plaisir d’apprendre, la capacité à persévérer malgré les difficultés. N’est-ce pas, au fond, ce que nous souhaitons pour nos enfants, surtout dans le contexte scolaire où la comparaison et la pression peuvent être fortes ?
Se pose aussi la question de la crédibilité : complimenter un enfant sur ses résultats sans prendre en compte ses efforts ou ses difficultés réelles, n’est-ce pas risquer de le déconnecter de ses propres ressentis ?
Par ailleurs, le compliment peut générer de la pression : certains enfants se demandent s’ils seront toujours aimés s’ils ne sont plus « les meilleurs ». D’autres peuvent adopter des stratégies d’évitement ou de dissimulation pour ne pas décevoir.
L’encouragement, une spirale vertueuse
Face aux bulletins, l’encouragement invite à porter attention au processus, aux efforts, aux progrès, et pas seulement au résultat. Décrire ce que l’on a observé (« J’ai vu que tu as persévéré malgré les difficultés en français »), valider les ressentis (« Comment tu te sens par rapport à cette note ? »), reconnaître les efforts (« Tu as passé du temps à réviser, ça a demandé de la patience »), partager notre joie ou notre gratitude (« Merci d’avoir partagé ton travail avec moi »), tout cela contribue à renforcer l’estime de soi de l’enfant.
L’encouragement permet aussi de valoriser l’apprentissage, l’autonomie, la capacité à rebondir après un échec. Il donne à l’enfant des repères internes, essentiels pour traverser les hauts et les bas de la vie scolaire et au-delà.
Concrètement, comment faire ?
- Décrire le comportement ou l’effort, plutôt que de juger l’identité (« Tu as pris le temps de relire ta rédaction » plutôt que « Tu es intelligent »).
- Valider le ressenti de l’enfant (« Comment as-tu vécu cette épreuve ? »).
- Partager notre propre émotion, sans en faire une référence absolue.
- Relever les comportements à améliorer, en restant factuel (« Tu as eu du mal à te concentrer, que pourrais-tu essayer la prochaine fois ? »).
- Remercier pour l’effort ou l’engagement, plutôt que de juger le résultat.
- Reconnaître la déception, quand elle est là, et encourager à tirer des enseignements de l’expérience.
- Inviter l’enfant à être fier de lui-même, à son rythme.
Pour conclure, en cette période de résultats scolaires…
Et si nous profitions de cette période des bulletins pour questionner notre posture ? Plutôt que de chercher à rassurer ou à valoriser à tout prix, peut-être pouvons-nous accompagner nos enfants à regarder leur parcours, à reconnaître leurs efforts, à accueillir leurs émotions, qu’elles soient de joie ou de déception. L’encouragement, dans ce contexte, devient un outil précieux pour aider l’enfant à se construire, à s’appuyer sur ses ressources et à développer une estime de lui-même solide, au-delà des notes.
Finalement, n’est-ce pas là le plus beau cadeau à offrir à nos enfants en cette fin d’année scolaire ?
Et surtout, rappelons-nous que, en tant que parents, nous faisons de notre mieux avec nos propres ressources, nos doutes et nos apprentissages. C’est cette authenticité, cette bienveillance envers nous-mêmes qui permet aussi à nos enfants de grandir en confiance. Le chemin est progressif, et chaque pas compte.
Pour aller plus loin: Article dans Vers L’Avenir: « Le pédopsychologue Bruno Humbeeck alerte les parents au moment de la remise du bulletin : « Le but du jeu n’est pas de le lire comme une fiche de paie »
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