Un dimanche pluvieux dans la campagne belge. Un matin ordinaire. J’arrive enfin, anxieuse.
Je vous épargne la tête de mes proches après mon inscription à la journée organisée par le BAO Elan Vital au titre sans ambiguïté : Marche sur le Feu.
Leurs phrases dansent en moi. ‘‘ Payer pour marcher sur des braises chaudes ? T’es sûre de ce que tu fais ? ’’

Non, absolument pas…
J’avais bien tenté de leur expliquer ce que je ressentais au creux de moi : il était temps de regarder certaines de mes peurs en face et d’oser sortir de ma zone de confort. Douce, confortable mais aussi parfois étouffante et castratrice.
Rituel chez de nombreux peuples, la Marche sur le Feu est une cérémonie. Mais pour moi, elle a été bien plus que cela… Un voyage éminemment intime…
Plonger en soi, regarder ses peurs, les nommer, en prendre soin et tenter de les transmuter en un feu intérieur qui chauffe sans brûler, tel était le but de cette journée.

Car tant d’histoires vivent en nous…
L’homme est un merveilleux raconteur d’histoires.
Les narrations que nous nous racontons pour donner sens à notre quotidien ; celles dont nous sommes porteurs à notre insu ; les autres encore que nous aimerions tant vivre et qui peuplent notre imaginaire.
Et comme dans tout roman, chaque narration comporte son lot de bonheurs, de désillusions, de rebondissements et une fin, qui ne correspond pas toujours à nos attentes.
Il arrive aussi que nous refusions d’être le héros principal de notre propre histoire. Tenaillés par des forces plus grandes que nous.

Les coupables ? Des peurs, des doutes, des pensées limitantes…
Si nombreuses qu’elles nous empêchent de quitter notre zone de confort, voire une zone de turbulences. Car il est parfois plus difficile de lâcher une situation inconfortable que d’oser plonger dans une autre, peut-être meilleure mais aux contours incertains.

L’écriture aussi est un périple au cœur de nos peurs…
Elles m’habitent tous les jours. Peur de ne pas avoir d’imagination, de ne pas être capable d’accoucher des émotions qui m’habitent, de ne pas pouvoir leur donner la juste texture et couleur. Peur de ne pas plaire. Peur de ne pas être lue. Peur d’être lue. Peur de la réussite…
Qu’il est bon de prendre conscience qu’entre nos désirs et la non-réalisation de ceux-ci, il peut y avoir une myriade d’obstacles et nombreux sont ceux que nous nous créons intérieurement.

Le premier pas…
Sur les braises comme au quotidien, c’est le plus difficile à accomplir. Celui qui thésaurise tous nos efforts. Un condensé de notre élan vital vers ce but qui nous tend déjà la main. Un pas comme un premier regard, un premier mot couché sur le papier, une première caresse.
La vie est une surface irrégulière. La fouler, pieds nus ou avec de grosses semelles, est toujours un exercice inconfortable.
Devant les braises fumantes, je ramasse des bouts de mon histoire et je m’invente celle que j’ai envie de vivre. Elle vit déjà en moi et elle attend sans doute que mon feu intérieur me porte vers elle. Je crie au vent mes souhaits du cœur, je regarde les braises et mon ventre se noue…
La journée s’achève. Rires et larmes mêlés, j’ai choisi en conscience de vivre ce rite de passage vers une autre version de moi-même… allégée de certaines croyances, porteuse d’une énergie nouvelle et de projets que je vais tenter de mener. Vais-je réussir ? Je ne sais pas… mais est-ce cela qui importe ? Sur les braises comme dans la vie, le premier pas n’est-il pas toujours le plus important…

Valérie Cohen

Trois semaines plus tard…
Penser à cette journée me fait sourire. L’ai-je aimée ? Absolument pas et pourtant, elle m’a apporté tant. Son feu doux brûle encore en moi et me permet d’être plus assertive au quotidien sans être agressive. Plus juste dans la manière dont je communique avec les autres, plus respectueuse de mes propres besoins et ressentis. Souvent, devant une décision à prendre, je me surprends à avancer avec le même élan que celui qui m’a portée sur les braises chaudes.
Bien plus qu’un défi digne de Koh Lanta, la Marche sur le Feu est une expérience profondément transformatrice. Un joli cadeau à s’offrir…

À très vite…
Valérie Cohen
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